Château de La Mercerie (Charente - 16)
Dimanche 1er septembre 2024
21 participants, 10 motos et une voiture « balai »
- Patrick & Sophie sur Kawasaki 1000 Versys
- Gérard & Jocelyne sur Yamaha 900 Tracer GT
- Guillaume & Marie-Sophie sur Benelli TRK 502
- Thierry & Véronique sur Honda CRF1100L Africa Twin
- Claude & Jocelyne sur Honda CRF1100L Africa Twin
- Jean-Pierre & Hélène sur Honda CRF1100L Africa Twin
- William & Laurence sur BMW GS 1250 Trophy
- Christophe sur Triumph 1200 Trophy
- Christian M. sur Yamaha Tracer 900 GT
- Manu sur BMW GS 1250
- Baba & Solange + Christian & Martine dans la voiture balai
Organisateur & Roadbook : Patrick et Sophie
Rédacteur : Manu
Photos : Sophie, Patrick, Manu
Départ
Pour cette sortie de rentrée que l’on aurait crue un moment sponsorisée par la marque japonaise HONDA avec son modèle emblématique qu’est l’Africa Twin… nous avions RDV à notre point de rencontre traditionnel de Glandon où nos GO’s du jour, Patrick & Sophie, nous avaient convoqué à 08:45 pour un départ au plus tard à 09:15.
Nous accueillons pour l’occasion Thierry et Véronique qui souhaitaient faire une sortie test avec le club, et décider si celui-ci correspondait à leur façon de rouler à moto en groupe. Il semblerait à la fin de la journée que le test soit concluant car ils nous ont annoncé leur intention d’adhérer en 2025. Pauvres fous, ils ne savent pas ce qu’ils font…! Allez, bienvenue à eux !
Et bienvenue également à Marie-Sophie (compagne de Guillaume), qui faisait sa première sortie avec le club. Marie-Sophie semble avoir apprécié également cette ambiance bon enfant qui sied (du verbe « Seoir ») au sein du groupe.
Après avoir attendu Manu nous partons à l’heure prévue (et oui… hé hé hé), sous un temps… comment dire?… habituel?… provocateur?… commandité par un mauvais plaisantin?
Il fait beau et chaud (voire trèèèèèès chaud) depuis plusieurs semaines, mais c’est le jour de notre sortie qu’il se met à pleuvoir! Encore heureux il ne fait pas froid (20 – 21°), mais on se serait bien passé d’enfiler les vétements de pluie. Bien entendu, ça fait rire Baba – qui a choisi de nous suivre en voiture – mais bizarrement, nous, ça ne nous fait pas rire. La prochaine fois qu’il viendra en voiture on l’obligera à s’équiper également de sa combinaison de pluie… on verra s’il rit toujours!
Après un premier arrêt à Lanouaille pour récupérer Guillaume et Marie-Sophie nous nous dirigeons tranquillement vers notre prochaine halte.
Pause café
Peu de pluie lors de notre trajet, et nous arrivons dans le magnifique village de Saint-Jean-de-Côle où nous profitons de la très belle halle couverte pour installer café et gourmandises. Merci à Hélène pour son gâteau au chocolat (!) et à Laurence pour ses madeleines si soigneusement emballées (…).
Quant à Christophe, étouffant dans sa combinaison de pluie, il se débarasse sans délais de celle-ci avec une envie non dissimulée de la déchirer pour s’en défaire au plus vite…
Sur place nous récupérons les locaux de l’étape, Christian et Martine, qui auront la lourde tâche de supporter Baba toute la journée car ils s’installeront dans la voiture suiveuse pour cette sortie (une BM de moins…aïe). Inutile de dire qu’avec un energumène pareil au volant pas besoin de radio à bord, car il est capable de faire questions et réponses sans marquer de pause ! Le seul avantage par rapport à la radio c’est qu’avec lui il n’y a pas de coupures pubs. Mais bon… est-ce un avantage…?
Lors de cette halte il ne pleut pas et il fait même assez bon, et comme nous ne sommes pas en retard sur l’horaire nous prenons le temps de profiter de ce charmant village où Christian fait partie du conseil municipal.
Les meilleurs choses ayant une fin tout le monde se rééquipe pour la pluie, sauf Christophe et Manu qui parient sur un trajet sans pluie jusqu’au restaurant (environ 1 heure de route). L’histoire montrera qu’ils ont presque gagné leur pari…
Déjeuner à Villebois-Lavalette
Le convoi s’étire sur les belles routes de Dordogne pour rejoindre ensuite la Charente, et précisément le joli village de Villebois-Lavalette où se trouve notre restaurant : « Le Lavalette« .
En arrivant sur Villebois-Lavalette le temps s’est brouillé et la pluie nous a accueilli jusqu’à ce que nous garions nos motos. A quelques minutes près Christophe et Manu ont perdu leur pari, à la grande joie de Baba il faut le souligner…
Nous nous dirigeons ensuite vers le restaurant situé à 100m de la place dans le coeur historique de Villebois.
Nous sommes très bien accueillis et notre table a été installée sous la magnifique halle en bois. Cette dernière est en pente, mais cela ne gênera nullement notre repas, tant mieux.
Le repas était copieux et soigné. Le service impeccable assuré par une jeune fille très active et bien secondée par la patronne aux moments ou les plats devaient être servis rapidement (pour le chaud et le froid).
Nous prenons notre temps car la visite du Château de La Mercerie n’est pas réservée à une heure précise. Après un petit café, nous retrouvons nos motos et rejoignons en 5 minutes le fameux château, objectif principal de notre sortie.
Le Château de La Mercerie
Nous arrivons au Château sous le soleil et garons nos motos sous les arbres. Après avoir attendu quelques minutes la voiture balai, (Baba avait raté la route… ha, ha, ha ! Pfff…), nous nous dirigeons vers l’entrée du parc. De là nous pouvons déjà avoir un bel aperçu de la dimension du « Versailles Charentais« , nom donné au château.
Pour celles et ceux qui connaissent Versailles la comparaison est quelque peu flatteuse. Toutefois, on y retrouve un peu comme à Versailles l’envie des propriétaires d’en mettre plein la vue, dépassant assez souvent l’outrance…
Il faut reconnaître que côté « m’as tu vu » on en prend plein les mirettes.
La visite de ce château s’impose donc si vous passez par là, ou si comme nous vous voulez en faire le but de votre sortie. Vous ne serez pas décus car c’est assez spectaculaire ce qu’en on fait les propriétaires. Et l’histoire de ce rêve du 20ème siècle est passionnante.
Un peu d'histoire... (il en faut quand même)
Grâce à la générosité d’un oncle, Raymond et Alphonse Réthoré achètent en 1924 à la famille Mesnaud de Saint-Paul le château de la Mercerie et son domaine de 600 ha à Magnac-Lavalette-Villars, pour la coquette somme de 80000 francs.
Raymond et Alphonse sont Angevins. Le premier est en quête d’une implantation locale pour faire carrière en politique, et en Charente il y a des places à prendre. Il devient alors maire de Magnac en 1932, puis député en 1936. Raymond est rapidement rejoint par Alphonse, féru d’architecture mais totalement autodidacte dans ce domaine.
Les frères font ensuite fortune dans la vente de machines italiennes pour pressing, dont ils ont obtenue l’exclusivité de vente en France grâce notamment aux appuis politiques de Raymond…
C’est le début de la renaissance du château de la Mercerie et d’un chantier pharaonique. Alphonse dessine les agrandissements et notamment la façade… Longue de 220 mètres, elle est notamment inscrite au Guinness Book des records comme la plus grande façade construite au XXe siècle.
Raymond court les salles de ventes et butine chez les antiquaires de l’Europe entière, constituant une impressionnante et hétéroclite collection d’œuvres d’art. Il rapporte peintures et sculptures, lambris et azulejos…
C’est ainsi que le château est surnommé « Versailles charentais ». Impression accentuée par les colonnades et balustres inspirées du célèbre château.
Mais ce projet titanesque coûte une fortune aux frères Réthoré, et dans les années 1970 les finances viennent à se tarir, notamment suite à un placement plus que doûteux dans un projet agricole dont ils ont été les « perdreaux ». Le chantier est arrêté alors que seules quelques pièces ont été construites derrière l’immense façade.
A la mort des frères Réthoré, 1983 pour Alphonse et 1986 pour Raymond, la succession est complexe et la dette au fisc très élevée. La seule solution consiste alors à vendre aux enchères une grande partie du mobilier et des œuvres d’art.
Ce qu’il reste du domaine a été vendu à la Foncière VOLTA en 2008. Le château est proche d’être une ruine, et le délabrement des toitures occasionnent des dégâts très importants dans les différentes pièces, notamment celles contenant des boiseries. En 2011 sous l’impulsion du maire de Magnac (Didier Jobit), un bail emphytéotique de 75 ans a été signé afin de restaurer et mettre en valeur les lieux avec l’association Château de la Mercerie.
La visite du Château
Nous bénéficions d’une guide passionnée et membre de l’association de restauration, ce qui fait que la visite a été très enrichissante et bourrée d’anecdotes.
L’entrée du parc nous permet d’avoir une vue impressionnante sur le château et ses dimensions.
Pour pénétrer à l’intérieur du château on passe entre des colonnes de bois d’acajou massif magnifiques, qui font office d’introduction à la démesure qui attend le visiteur.
En effet passée la porte d’entrée, on se retrouve dans une entrée de marbres blancs et roses, où domine des fresques murales de 6 mètres de haut constituées de carreaux de faïence portuguais (les Azulejos).
Le bureau, les chambres, les salons...
Au gré des pièces visitées nous pénétrons totalement dans l’univers des frères Réthoré.
Ce qui saute aux yeux est l’ambition démesurée des deux frères d’en mettre plein la vue aux invités. Les photos du château dans ses années fastes confirment ce sentiment en montrant des pièces surchargées de mobilier et bibelots divers, sans compter le parc où des dizaines de statues sont installées les unes à côté des autres… jusqu’à saturation.
Sur la photo des statues (ci-dessus), on remarquera un immense lac bleu en arrière plan . Dans la réalité ce lac n’existe pas et n’a jamais existé que dans les projets des Réthoré. Il s’agit donc d’un montage photo de l’époque qui montre une fois de plus que les deux frères ne se donnaient aucune limites à leurs ambitions.
Aujourd’hui suite aux ventes aux enchères il ne reste plus grand chose de tout cela, mais les efforts réalisés par l’association pour remeubler les pièces est exemplaire, sans parler du travail exceptionnel de restauration des boiseries, colonnades et tapisseries.
Petit florilège des pièces visitées
Les photos ci-dessous montrent un aperçu des chambres qui transpirent de la très grande l’humilité des personnages… Au dessus du lit de Raymond un plafonnier représentant un nu féminin montre le penchant de ces messieurs pour les jolies femmes.
On ne pourrait leur en vouloir pour cela… hé hé… les coquins ! Et ce n’est pas fini !
Les Azulejos
Au cours de l’un de ses voyages, Raymond tombe sous le charme des azulejos portugais. Il commande 32 panneaux monumentaux (6 mètres de haut sur 2,60 mètres de large) à l’une des plus grandes faïenceries du Portugal. Celles-ci sont des reproductions de chefs d’œuvres des plus grands peintres, dont Hubert Robert, Le Lorrain ou Joseph Vernet.
C’est tout simplement incroyable de trouver ces immenses faïences (environ 1000 carreaux par fresque), et qui habillent les murs de l’entrée ainsi que des trois immenses pièces de réception du château (350m2 chacune).
Un air de galerie des glaces....
Une de ces pièces de réception de 350m2 évoque très ostensiblement la galerie des glaces du château de Versailles.
Mais au lieu de miroirs muraux ce sont des azulejos qui font face aux imposantes fenêtres de la pièce.
Le rendu de cette pièce toute en boiserie est spectaculaire.
Zone réservée aux adultes !
Si tu as moins de 18 ans les images qui suivent ne sont pas pour toi, donc ne les regarde pas, quitte cette page sans attendre ou rends-toi à la fin de cet article.
Si tu as plus de 18 ans et que ta curiosité te pousse à aller plus loin, et bien continue ta lecture… mais nous ne seront pas responsables des traumatismes et autres phantasmes nocturnes qui pourraient survenir à la simple vue des images qui suivent.
Pour la petite histoire ces petits coquins de frères ont disposé dans l’une des pièces du château un placard secret contenant des peintures de style « (très) figuratif« .
Si en les regardant vous ne comprenez pas ce dont il est question, c’est que soit vous êtes encore très jeune et vous n’avez rien à faire dans ce paragraphe (allez! Ouste! Va te coucher!)…, soit vous avez encore plein de choses à apprendre de la vie… et dépéchez-vous car il arrive très vite un âge où le genre d’acrobaties représentées devient difficile à réaliser, voire impossible.
On nous avait prévenus, les frères Réthoré aimaient bien la bonne chère, et il y a fort à parier que certaines soirées au château devaient être… on va dire… physiques !
Les tombes
Après cette vie trépidante et riche en créativité de tous genres, les frères ont demandé une dérogation afin d’être inhumés chacun dans un pilier du domaine préparés à cet effet. Ce qui fût fait.
Alphonse est parti le premier en 1983, suivi 3 ans plus tard par Raymond.
Le retour
Par la même route qu’à l’aller (via Brantôme) c’est dans la moiteur étouffante de nos combinaisons de pluie que nous rejoignons Saint-Jean-de-Côle où nous laissons Christian et Martine, non sans avoir accepté leur invitation à nous rafraichir d’une boisson à base de houblon ou d’un petit verre de Kéfir bien frais.
Après s’être dit au-revoir chacun bifurque ensuite au gré de sa destination finale.
Un grand merci à Patrick et Sophie pour l’organisation de cette journée.
Sources
Cet article fait référence ou reprend des informations issues des sites suivants :
– https://www.jaimemonpatrimoine.fr/fr/module/81/670/le-versailles-charentais-chimere-des-freres-rethore-
– https://www.sudouest.fr/charente/angouleme/le-reve-fou-des-freres-rethore-9281572.php
– http://www.chateaudelamercerie.fr/orki/view/301/histoire.html
Merci au rédacteur pour ce compte rendu agrémenté de nombreuses photos, qui me permets avec nostalgie de suivre le groupe.
Félicitations aux organisateurs.
Je suis content que le club fonctionne avec toujours de belles balades.
Mes amitiés a tous .
Gérard BLONDY
Merci Gégé c’est très gentil de ta part. Oui le club fonctionne bien, il y a toujours cette bonne ambiance qui fait de bonnes balades, et de bons souvenirs.
Amitiés du club.
Merci Manu pour ce compte rendu qui comme à chaque fois est rédigé d’une main de maître.
Par contre JPierre risque de ne pas être content…tu l’as marié à Jocelyne( ça suffit il y en a déjà 2) au lieu de Hélène
A bientôt
Joce
Merci Joce pour ce commentaire élogieux!
Désolé JP et Hélène pour cette navrante erreur, qui en effet aurait fait trop de « Jocelyne’s » dans le club. C’est maintant corrigé.
A bientôt
Heureux possesseur d’une Africa Twin, j’invite bien évidemment Honda à sponsoriser un de ces jours ce type de sortie. Pour ce qui est de l’adhésion au club, nous avons l’intention d’être fous mais ce ne sera pas la première fois. Question folie, je ne parle pas des acrobaties érotico-psycho-démentielles de type orgies de château, mais plutôt de virées et agapes en tout genre de la catégorie jeune à retraité (que nous sommes devenus). Cette balade charentaise assortie de convivialité et de culture aura été une première sympathique et quel accueil!
Alors on va faire une connerie, on va signer.
Thierry
Ce sera un plaisir que d’accueillir deux fous de plus au club ! … et une nouvelle plume pour nos articles ✌